Chers concitoyens européens …
par Giorgos Faraklas *
… en 1967 ils ont pris ma mère. Quelques jours seulement après, nous
sommes partis pour un autre pays. En 1974, la Turquie a envahi Chypre.
Quelques jours seulement après, mon père a été mobilisé. Aujourd’hui, je
vis un moment de peur et d’impuissance, comme alors. Chers concitoyens
européens, vous, pourquoi nous imposez-vous une telle épreuve?
Pour quelle raison ne taxons-nous pas les plus riches? Pourquoi ne protégeons-nous pas les plus pauvres? Pourquoi ne serions-nous pas gouvernés par des gens non responsables de la situation où nous nous trouvons? A quel point supporteriez-vous, à dire vrai, de voir des gens ruinés dormir sur les trottoirs, manger dans les poubelles et se suicider? Ne voudriez-vous pas vous aussi faire quelque chose pour eux?
Vous avez raison, nos propres hommes politiques nous ont détruits. Et c’est qui les avons élus. Et beaucoup d’entre nous se sont arrangés d’une situation de perpétuelle illégalité des transactions financières. Et il y a eu des gens qui ont reçu des salaires sans travailler. Mais il y a tous ceux qui travaillaient, qui ne volent pas, qui n’exploitent pas leurs semblables, mais souffrent de leur douleur, et se réjouissent de leur joie. Vous ne les connaissez pas, parce que nous ne sommes pas encore assez unis. Parce que nous tenons ici un discours minoritaire. Parce que partout la culture du régionalisme et de la haine du prochain est, malheureusement, un commerce florissant.
Mais vous aussi, acceptez que nous soyons plus pauvres, mais n’acceptez pas que vos représentants nous imposent des mesures qui créent des inégalités entre nous, inégalités que vous, vous n’accepteriez pas dans votre pays. Punissez nous d’avoir laissé vos « grands seigneurs » nous endetter autant, mais pas parce que nous voulons répartir plus justement entre nous le poids de la dette. Faites confiance au gouvernement auquel nous avons fait confiance. Nous avons nos raisons pour ne pas faire pas confiance à nos autres hommes politiques. Permettez moi de dire que vous aussi, à notre place, vous auriez fait de même.
Si nous disons « non », nous ne disons pas non à l’Europe. Au contraire, jamais nous n’avions élu un gouvernement avec un profil si européen. Il est le premier à avoir donné la nationalité aux enfants d’immigrés, le premier à respecter le statut humain des prisonniers, le premier à se soucier réellement des minorités, le premier qui semble prêt à lutter contre la corruption. Nous disons « non » à une façon d’envisager les choses qui ne nous laisse pas combattre l’injustice dans notre pays de la façon dont nous savons qu’elle doit l’être. Nous demandons à payer nos dettes en les répartissant d’une manière que nous savons être plus efficace et plus juste.
Bien à vous.
*Giorgos Faraklas enseigne la philosophie politique à l’université Panteion.
Traduction Frédérique Bouvier
Pour quelle raison ne taxons-nous pas les plus riches? Pourquoi ne protégeons-nous pas les plus pauvres? Pourquoi ne serions-nous pas gouvernés par des gens non responsables de la situation où nous nous trouvons? A quel point supporteriez-vous, à dire vrai, de voir des gens ruinés dormir sur les trottoirs, manger dans les poubelles et se suicider? Ne voudriez-vous pas vous aussi faire quelque chose pour eux?
Vous avez raison, nos propres hommes politiques nous ont détruits. Et c’est qui les avons élus. Et beaucoup d’entre nous se sont arrangés d’une situation de perpétuelle illégalité des transactions financières. Et il y a eu des gens qui ont reçu des salaires sans travailler. Mais il y a tous ceux qui travaillaient, qui ne volent pas, qui n’exploitent pas leurs semblables, mais souffrent de leur douleur, et se réjouissent de leur joie. Vous ne les connaissez pas, parce que nous ne sommes pas encore assez unis. Parce que nous tenons ici un discours minoritaire. Parce que partout la culture du régionalisme et de la haine du prochain est, malheureusement, un commerce florissant.
Mais vous aussi, acceptez que nous soyons plus pauvres, mais n’acceptez pas que vos représentants nous imposent des mesures qui créent des inégalités entre nous, inégalités que vous, vous n’accepteriez pas dans votre pays. Punissez nous d’avoir laissé vos « grands seigneurs » nous endetter autant, mais pas parce que nous voulons répartir plus justement entre nous le poids de la dette. Faites confiance au gouvernement auquel nous avons fait confiance. Nous avons nos raisons pour ne pas faire pas confiance à nos autres hommes politiques. Permettez moi de dire que vous aussi, à notre place, vous auriez fait de même.
Si nous disons « non », nous ne disons pas non à l’Europe. Au contraire, jamais nous n’avions élu un gouvernement avec un profil si européen. Il est le premier à avoir donné la nationalité aux enfants d’immigrés, le premier à respecter le statut humain des prisonniers, le premier à se soucier réellement des minorités, le premier qui semble prêt à lutter contre la corruption. Nous disons « non » à une façon d’envisager les choses qui ne nous laisse pas combattre l’injustice dans notre pays de la façon dont nous savons qu’elle doit l’être. Nous demandons à payer nos dettes en les répartissant d’une manière que nous savons être plus efficace et plus juste.
Bien à vous.
*Giorgos Faraklas enseigne la philosophie politique à l’université Panteion.
Traduction Frédérique Bouvier
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