Impressions d'Athènes...
----- Original Message -----
de : Domi
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de : Domi
To: Luc
Sent: Wednesday, October 10, 2012 11:27 PM
Subject: Re: impressions d'Athènes
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Hier Athènes était bouclée, le dispositif policier impressionnant, le ciel bourdonnant d'hélicos et les manifestations interdites (bonjour la démocratie européenne !). De toute façon les Grecs sont plutôt KO en ce moment, hier soir je suis passée sur la place Syntagma vers 19h, elle était quasiment vide (tu sais que les Indignés qui avaient campé des mois ici ont été évacués il y a longtemps déjà), les escouades de policiers bardés comme des tortues ninja (dieu qu'ils sont jeunes pour la plupart, c'est affolant) regagnaient leurs casernes, le portier de l'hôtel Grande Bretagne avait l'air tranquille, les kiosquiers réouvraient.
Subject: Re: impressions d'Athènes
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Hier Athènes était bouclée, le dispositif policier impressionnant, le ciel bourdonnant d'hélicos et les manifestations interdites (bonjour la démocratie européenne !). De toute façon les Grecs sont plutôt KO en ce moment, hier soir je suis passée sur la place Syntagma vers 19h, elle était quasiment vide (tu sais que les Indignés qui avaient campé des mois ici ont été évacués il y a longtemps déjà), les escouades de policiers bardés comme des tortues ninja (dieu qu'ils sont jeunes pour la plupart, c'est affolant) regagnaient leurs casernes, le portier de l'hôtel Grande Bretagne avait l'air tranquille, les kiosquiers réouvraient.
Comme à chaque fois les camions poubelles et de nettoyage
effaçaient vite toute trace sur l'asphalte désert (seuls les taxis pouvaient
circuler et il y en avait peu, faute de clients). J'ai vu le film Amour
dans un cinéma presque vide, et suis rentrée à pied de Kolonaki à Koukaki (40mn)
dans un centre ville calme et comme anesthésié.
N'allons pas croire pour autant que toute révolte est matée, je sais que la colère couve, et je sais aussi que le désespoir peut mener à toutes les extrémités.
La semaine dernière nous avons revu Nikos et moi le fim de Kaurismaki Le Havre , dans un centre antifasciste de quartier qui voulait réfléchir sur les politiques d'immigration. Accueil souriant de ces jeunes et moins jeunes militants. Mais j'ai noté que durant toute la projection l'un d'entre eux au moins montait la garde dehors...
N'allons pas croire pour autant que toute révolte est matée, je sais que la colère couve, et je sais aussi que le désespoir peut mener à toutes les extrémités.
La semaine dernière nous avons revu Nikos et moi le fim de Kaurismaki Le Havre , dans un centre antifasciste de quartier qui voulait réfléchir sur les politiques d'immigration. Accueil souriant de ces jeunes et moins jeunes militants. Mais j'ai noté que durant toute la projection l'un d'entre eux au moins montait la garde dehors...
Aube dorée fait peur, et il y a de quoi. Vu ce soir une
de leurs manifestations dans le centre d'Athènes sur le thème du refus de brader
la richesse nationale. Crânes rasés, brodequins, mines patibulaires mais
presque, comme disait Coluche. Un frisson désagréable en passant devant
eux.
Et je me suis dit, en repensant au Monde d'hier
de Stefan Zweig, peut-être qu'en Allemagne ou en Autriche, il y a 80 ans, des
citoyens ont eu comme moi un frisson désagréable en passant un jour dans une rue
où manifestaient les chemises brunes de l'époque. Et puis comme moi ils sont
allés à leurs affaires, leurs amours, leur vie en somme. Sans trop y penser mais
quand même, avec comme une gêne là, à cause de ce quelque chose qu'ils avaient
vu et n'auraient pas voulu voir.
C'est toute l'Europe en ce moment qui feint de ne pas voir cette peste brune, qui est pourtant bien de retour, et non seulement ne se cache plus mais parade de plus en plus, et remporte des succès auprès de la population - car ce frisson de répulsion que je ressens, moi, est d'une tout autre nature chez d'autres personnes, qui sont attirées, comme fascinées, je le vois, je le sens.
Son monde d'hier , la Grèce l'a perdu, à coup sûr. Mais celui de demain, que lui réserve-t-il ?
C'est toute l'Europe en ce moment qui feint de ne pas voir cette peste brune, qui est pourtant bien de retour, et non seulement ne se cache plus mais parade de plus en plus, et remporte des succès auprès de la population - car ce frisson de répulsion que je ressens, moi, est d'une tout autre nature chez d'autres personnes, qui sont attirées, comme fascinées, je le vois, je le sens.
Son monde d'hier , la Grèce l'a perdu, à coup sûr. Mais celui de demain, que lui réserve-t-il ?