jeudi 18 avril 2013

Une campagne de solidarité avec la Grèce : Superbe document (en français) qui dresse un tableau des dramatiques difficultés actuelles, et qui présente des alternatives en cours :

Une campagne de solidarité avec la Grèce : 

Superbe document (en français) qui dresse un tableau des dramatiques difficultés actuelles, et qui présente des alternatives en cours :

http://www.solidarity4all.gr/sites/www.solidarity4all.gr/files/galliko.pdf


Rappel :

Une délégation de l'Appel de Nantes « Je suis grec aussi » sera en Grèce dans quelques jours, du 23 avril au 1er mai 2013.
Cette délégation, qui comprendra notamment Luc Douillard, signataire de l'Appel avec Gilles Gelgon, se rendra notamment à Athènes et à
Thessalonique, dans le but de rencontrer directement tous les amis grecs qui le souhaiteront, échanger, écouter leurs analyses et demandes, envisager
ensemble des propositions alternatives à la crise de la démocratie et du capitalisme, et bien entendu rendre compte en France de la situation sur
place.
Cette délégation de Nantes (France) sera disponible pour toute rencontre, conférence et débat-publics (de préférence dans des cadres
institutionnels informels, associatifs ou universitaires, mais indépendants des milieux officiels et des dirigeants politiques et économiques responsables de
la crise grecque).
À très bientôt, dans la perspective de vous rencontrer...

Tous contacts jusqu'au 21 avril : mailto:jesuisgrec@numericable.fr

lundi 15 avril 2013

Newsletter I am Greek / Je suis grec - Numéro 8

Λόγω αλληλεγγύης είμαι και εγώ Ελληνας
Εκκληση της Νάντης / Appel de Nantes
Call from Nantes / Llamado desde Nantes
Newsletter ενημερωτικό δελτίο
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Bulletin d'information
Boletín informativo
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# 08
Par solidarité, je suis Grec aussi !
Solidarity with the Greek people ! - I, too, am Greek !
¡ Por solidaridad, yo también soy griego !
Nantes
17 AVR
2013
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Chers amis, nous reprenons la publication de ce bulletin pour vous annoncer qu'une délégation de l'Appel de Nantes « Je suis grec aussi » sera en Grèce dans quelques jours, du 23 avril au 1er mai 2013.
Cette délégation, qui comprendra notamment Luc Douillard, signataire de l'Appel avec Gilles Gelgon, se rendra notamment à Athènes et à Thessalonique, dans le but de rencontrer directement tous les amis grecs qui le souhaiteront, échanger, écouter leurs analyses et demandes, envisager ensemble des propositions alternatives à la crise de la démocratie et du capitalisme, et bien entendu rendre compte en France de la situation sur place.
Cette délégation de Nantes (France) sera disponible pour toute rencontre, conférence et débat-publics (de préférence dans des cadres institutionnels informels, associatifs ou universitaires, mais indépendants des milieux officiels et des dirigeants politiques et économiques responsables de la crise grecque).
À très bientôt, dans la perspective de vous rencontrer...
Tous contacts jusqu'au 22 avril : mailto:jesuisgrec@numericable.fr

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Au sommaire de ce bulletin n°8 :

PAGE 2 : La Grèce, nouvelle terre de profit, d'après Médiapart
PAGE 2 et 3 : Les mesures d'austérité violent la Constitution et le droit international, extrait d'un texte de Georges Katrougalos, repris par Caroline Luigi et le CADTM
PAGE 3 et 4 : Des nouvelles d'Okeanews et de Panogiotis Grigoriou : Greek crisis
PAGE 5 à 8 : (Bilingue - μετάφραση από τα Γαλλικά: Νίκος Βλαντής : À propos de la délégation en Grèce de « Je suis grec ». Pourquoi nous avons refusé les invitations reçues.

La Grèce, nouvelle terre de profits

Nous citons l'introduction de cet article intéressant paru la semaine dernière
sur le média en ligne Médiapart

11 avril 2013 | Par Amélie Poinssot
Augmentation des tarifs et baisse de la qualité des services : pour les opposants à la privatisation des compagnies de distribution d'eau de la métropole athénienne (EUDAP) et de Thessalonique, la deuxième ville du pays (EUATH), le constat est clair. « L'eau est un bien public, ce n'est pas une marchandise », martèle Maria Kanellopoulou, membre du mouvement Save Greek Water. Cette musicienne fait partie des fondateurs du mouvement, créé l'été dernier, pour s'opposer au chantier de privatisation des deux sociétés.
« Nous ne sommes pas employés par ces entreprises, mais nous nous mobilisons car nous pensons que l'eau symbolise à la fois l'essence même du bien public, et tout ce que l'on est en train de perdre en Grèce aujourd'hui : c'est une question de droit le plus fondamental, celui de l'accès à l'eau. » Cette initiative civique a lancé une pétition qui compte aujourd'hui près de 18 000 signatures et espère bien faire entendre sa voix auprès des députés grecs.
Las, les acteurs du dossier passeront probablement outre. Ils ont le champ libre : l'ensemble des privatisations a été confié en 2011 à une structure ad hoc, le Taiped – le Fonds de valorisation du patrimoine de l'État grec. Cette structure mise en place sous la pression des créanciers du pays, la Troïka (Commissiohttp://jesuisgrec.blogspot.com/n européenne, BCE, FMI), est devenue de facto la propriétaire d'un immense portefeuille qu'elle doit vendre petit à petit à des investisseurs. Objectif ? Éponger une partie de la dette de l'État en vendant des entreprises publiques (cession complète ou prise de participation), des concessions pour l'exploitation de monopoles commerciaux ou de lots fonciers, et des propriétés immobilières.
Au total, plus d'une quarantaine de lots apparaissent aujourd'hui sur la liste des biens à vendre – une liste destinée à s'allonger et qui s'est déjà enrichie de nouveaux éléments ces derniers mois. Sauf que les objectifs financiers du programme sont bien loin de combler la dette abyssale du pays (plus de 300 milliards d'euros aujourd'hui) : le Taiped table désormais sur 9,5 milliards d'euros de ventes d'ici à 2015, contre les 19 milliards encore officiellement visés il y a quelques mois…, et alors que l'objectif initial était de 50 milliards, lorsque ce programme de privatisations a été annoncé par les représentants de la Troïka en visite à Athènes, en février 2011.
En réalité, dans un marché en pleine récession – pour la sixième année consécutive –, les entreprises grecques ne valent pas bien cher et le gouvernement n'est pas tellement en position de force pour négocier… Mais l'argent récolté est-il, au fond, vraiment le but ? Lorsque nous nous étions rendus au Taiped en octobre dernier (lire ici), il nous avait été expliqué que le but était « de transformer complètement l'économie grecque » : « Peu importe, en fait, les sommes que l'on va tirer de ces ventes. Il ne s'agit pas tant de collecter de l'argent que de libéraliser l'économie. » (…)
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Un extrait du blog franco-grec de Caroline Luigi
Article intégral sur le lien : http://carolineluigi.blogspot.fr/2013/04/5042013.html

Les mesures d’austérité violent la Constitution grecque et le droit international, par Georges Katrougalos, professeur de droit public à l’Université Démocrite (Extrait)

[...] Les mesures d’austérité imposées à la Grèce par les mémorandums, leurs décrets d’application et les traités de prêt internationaux afférents, constituent une infraction grave à l’ordre juridique constitutionnel, européen et international, à la fois en termes de procédure et de droit positif : d’abord, aucun des deux traités de prêt n’a été ratifié par le parlement, contrairement à ce que prévoit l’article 36 § 2 de la constitution grecque. En effet, les deux traités contiennent des dispositions tellement exorbitantes sur la souveraineté nationale, qu’un certain nombre de parlementaires ne pourraient accepter de les adopter.

Plus précisément, les garanties de respect et de protection de la souveraineté nationale prévues par le droit constitutionnel et le droit international sont bafouées par la levée de l’immunité sur les questions relevant de la souveraineté nationale qui figure dans ces traités : en plus du transfert de facto de la souveraineté économique en faveur de la « troïka » pour toutes les décisions importantes, et comme le refus de se soumettre empêcherait d’obtenir la partie suivante du prêt, les traités comprennent également une levée explicite d’immunité, qui selon l’avis juridique joint, s’étend également aux questions relevant de la « souveraineté nationale ». Celle-ci dépasse largement les levées d’immunité d’exécution habituellement prévues et acceptées par le droit international.

Plus important encore, les mesures d’austérité violent plusieurs principes constitutionnels structurels (tels que les principes d’égalité des charges publiques et de l’État social de droit des articles 4 § 5 et 25 § 1 de la Constitution grecque) et des droits sociaux fondamentaux (articles 21, 22 et 23 de la même constitution). Elles violent également les garanties essentielles de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et le droit international du travail. Par exemple, la législation d’application des mémorandums a imposé d’importantes réductions de salaire, non seulement pour les fonctionnaires et les employés du secteur public dépendant du droit privé, mais également pour les employés du secteur privé, portant ainsi atteinte aux conventions collectives en vigueur. Il s’agit là d’une violation claire de l’autonomie collective, garantie par l’article 22 § 2 de la Constitution grecque et d’un certain nombre de traités internationaux, notamment l’article 8 de la Convention n° 151 de 1978 de l’Organisation internationale du travail et l’article 6 de la Charte sociale européenne.

Cependant, la Grèce ne dispose pas d’un tribunal constitutionnel et les tribunaux ordinaires ont jusqu’à présent, dans leur majorité, accepté ces mesures comme constitutionnelles, les justifiant par l’état de nécessité auquel fait face l’économie grecque. Ce n’est que récemment que la Cour des comptes a déclaré à l’unanimité l’inconstitutionnalité de la dernière vague de diminutions des retraites et la Cour de cassation celle de la réduction du salaire des juges. (...)

Traduction Hélène Tagand en collaboration avec Virginie de Romanet
Source (article complet + renvois): http://cadtm.org/La-dette-grecque-a-la-lumiere-du 

Des nouvelles du site d'information Okeanews

Nous donnons ici quelques nouvelles de ce site indispensable pour suivre l'actualité grecque.


« Après plus de 400 articles et plus d'un an d'existence, OkeaNews passera payant. C'est le prix à payer pour rester indépendant et alternatif. C'est le prix à payer pour une actualité quotidienne en français venant de Grèce.  Ce choix, difficile, surtout quand on est adepte de l'open source et de la licence creative commons, s'est imposé au fil du temps. De plus en plus suivi par les journalistes, de plus en plus copié et/ou plagié, le site ne permet pourtant pas de vivre de ce travail. Des messages de soutien me parviennent et me donnent de l'élan pour poursuivre, mais il est temps de se professionnaliser. Explications.
(…) Comment aider la Grèce ? Comment aider les grecs ? Quelles possibilités avons nous, en tant que citoyen, de ne plus nous sentir complètement inutiles et dépassés par les évènements ? Quelles actions sont possibles ?
Autant de questions auxquelles OkeaNews tentera de répondre une fois que l'avenir du site et de ses auteurs sera assuré. Des mouvements de solidarité ont déjà commencé (...). OkeaNews y répondra et proposera les actions solidaires en accès libre.  Une chose est certaine, la population grecque a toujours et aura encore besoin d'une aide extérieure, qu'elle soit matérielle, financière ou morale.
J'ai encore ce souvenir des larmes d'émotions de cette Athénienne à qui j'expliquais pourquoi j'avais créé OkeaNews : par amour pour la Grèce, par réaction à cette injustice que subit la population grecque et pour lutter contre la désinformation.
Mais c'est encore trop peu et nous devons proposer une manière d'aider, par solidarité, parce que nous sommes tous grecs, ou parce que nous le deviendrons tous.
Pour cela, la solidarité doit aussi s'engager pour que le site OkeaNews survive. » (Texte issu du cite).
Okeanos
Des témoignages de lecteurs de ce site d'information :
"Je vous remercie pour ce site d'informations sur la Grèce qui est un pays que mes parents m'ont fait découvrir pour la première fois, alors que j'étais gamine, il y a quelques cinquante ans. La Grèce nous a séduits. Nous y avons passé beaucoup de beaux moments à la rencontre de personnes magnifiques. J'ai aimé de tous coeur ces hommes et ces femmes qui à l'époque se battaient contre la junte des colonels. Les grecs m'ont appris le sens du mot "liberté et démocratie". J'y ai vécu mes premières amours et j'ai tant de souvenirs. Ces hommes et ces femmes ne méritent pas ce qu'on dit d'eux, ni ce qu'on leur fait.. C'est ignoble et je suis en rage contre tous ces préjugés, cette méchanceté.. ça me révulse l'âme.
Ne lâchez rien. J'espère que l'on vous aidera à garder ce site actif. Je ne viens pas vous lire tous les jours mais je relaie vos articles chaque fois que possible. Merci encore d'être présent et de vous battre pour ce magnifique pays, pour ces hommes et ces femmes courageux."
"Je voulais simplement vous féliciter de cet effort de diffusion d'informations indépendantes et non uniformes auprès d'un public qui souvent n'a pas d'autres moyens d'accéder à des nouvelles fiables. Bravo d'une étudiante grecque à Paris !"

"Ce site est vraiment excellent, je vous remercie de prendre le temps de l'alimenter; et pour tout le travail derrière : bravo. Je trouve votre entreprise formidable."




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Panogiotis Grigoriou : Greek crisis - Carnet de notes d'un ethnologue en Grèce
Une analyse sociale journalière de la crise grecque - Temps du vent mauvais

Un jour de mai 2010, le Fond Monétaire International, l'œil de l'Union Européenne et la Banque centrale Européenne ont fait irruption dans notre vie quotidienne. La Troïka et les “Troïkans” modifient nos existences et nos comportements. Il y a un avant et un après. Comme lors d'une entrée en guerre ou d'une occupation. Un vent mauvais, un poison ambiant, une mise à mort de nos petites et grandes habitudes une mutation collective rapide, suspendue à la perte de nos repères. Désormais on plonge, y compris dans les quartiers chics... dans les poubelles...


À propos de la délégation en Grèce
de « Je suis grec ».
Pourquoi nous avons refusé les invitations reçues.
L'année dernière, à la fin de l'hiver 2012, au moment où le retentissement de l'Appel « Je suis grec » a été le plus fort, nous avons été invités, d'ailleurs très aimablement, en délégation nombreuse et tous frais payés, à venir visiter la Grèce, notamment par un « Think tank » et par une région tenue par le parti « Nouvelle Démocratie ». Mais nous n'avons pas pu accepter ces cadeaux matériels qui pouvaient nous mettre dans une situation de dépendance avec des organisations institutionnelles grecques qui risquaient de limiter notre liberté et notre disponibilité.
Pour information, voici plus bas le courrier que nous leur avons fait alors parvenir.
Nous avons donc préféré attendre une année, et prévoir un voyage plus modeste, payé sur « l'argent de poche » des voyageurs français eux-mêmes venus de Nantes. (À propos, nous sommes éventuellement intéressés par des locations modiques de chambres d'hôtels ou d'appartements, à Athènes ou à Thessalonique, dans la période du 23 avril au 2 mai. Contacter : « jesuisgrec@numericable.fr ».)



Nantes, le 19 février 2012, 19 Φεβρουαρίου 2012.

μετάφραση από τα Γαλλικά: Νίκος Βλαντής
traduit de l'original français par Nikos Vlandis


Κύριες και κύριοι,
Πριν λίγες μέρες, δεχτήκαμε τις προσκλήσεις σας να έρθουμε στην Ελλάδα για πολλές μέρες, μία γαλλική αντιπροσωπία της Έκκλησης της Νάντης "από αλληλεγγύη, είμαι κι εγώ Έλληνας": σαράντα με πενήντα άτομα για την "Εύρηκα" στη Θεσσαλονίκη, και μια δωδεκαριά για την περιοχή της Θεσσαλίας.

Σας ευχαριστούμε ειλικρινά για τις ευγενικές σας προσκλήσεις, που δείχνουν την επίπτωση που είχε η Έκκλησή μας στην ελληνική κοινωνία που δοκιμάζεται δραματικά από τα μέτρα λιτότητας της Τρόικας. Να είστε σίγουροι πως συγκινηθήκαμε από την αναγνώρισή σας.

Κατά τα άλλα, οι προσκλήσεις σας αντιστοιχούν στην επιθυμία μας να συναντήσουμε επειγόντως ευθέως τον ελληνικό λαό, από τον οποίο έχουμε πολλά να μάθουμε, και, αν είναι δυνατόν, να συνοδευτούμε από δημοσιογράφους της Δυτικής Ευρώπης, ώστε να αντιληφθούμε τις δυσκολίες της χώρα σας, την αξιοπρέπειά της και τις αυθεντικές πρωτοβουλίες αλληλεγγύης που οργανώνονται εκεί επί του παρόντος.

Ωστόσο, αφού το σκεφτήκαμε σοβαρά, αδυνατούμε να δεχτούμε την προσφορά σας. Πράγματι, ακόμη κι αν αναζητήσουμε οικονομικά μέσα μετακίνησης και καταλύματα, δεν θα μας φαινόταν ηθικά αποδεκτό να ξοδέψουμε σημαντικά ποσά δημοσίου ή παρα-δημοσίου χρήματος, την ώρα που ο Ελληνικός λαός αντιμετωπίζει τόσες σκληρές ελλείψεις, ακόμη και διατροφής, στέγασης, εκπαίδευσης, και πρόνοιας των αδυνάμων.

Ελπίζω πως θα κατανοήσετε τα κίνητρα της άρνησής μας και θα μας συγχωρήσετε. Δεν είναι πρόθεσή μας να πληγώσουμε το συναίσθημα της αξιοπρέπειάς σας, που είναι ένα από τα μαθήματα που η Ελλάδα έδωσε σε ολόκληρο τον κόσμο.

Πράγματι, στον διάλογο του Πρωταγόρα, ο Πλάτωνας θυμάται τον μύθο σύμφωνα με τον οποίο ο Δίας με αγγελιοφόρο τον Ερμή δίνει στους ανθρώπους την τεχνη που τους λείπει ακόμη, μετά από την τεχνική και την εργασία: αυτήν που τους επιτρέπει να ζήσουν μαζί χωρίς αλληλοσκοτωμούς, την "πολιτική τέχνη", της οποίας μία από τις βάσεις είναι η Αιδώς, λέξη που εξηγεί στη γλώσσα την ελληνική την έννοια της ντροπή και της αισχύνης, και επομένως εξίσου την έννοια της τιμής, του σεβασμού, της αξιοπρέπειας, του μέτρου, της δικαιοσύνης εν τέλει.

(Θα ήτανε άσκοπο εδώ να προσεγγίσουμε το μεγάλο θέμα της "κοινής αξιοπρέπειας" του Άγγλου συγγραφέα και πολέμαχου κατά της απολυταρχίας Τζωρτζ Ώργουελ: "κοινή αξιοπρέπεια", "αξιοπρέπεια όλων", ή ακόμη "βασική εντιμότητα" που ξεχωρίζει τον λαό από τις ευνοούμενες τάξεις).

Ωστόσο, σύντομα θα προγραμματίσουμε ένα ταξίδι σπουδής και συναντήσεων στην Ελλάδα, με δικά μας μέσα. Γι' αυτό, θα δημοσιεύσουμε μία ανοιχτή πρόσκληση για ενίσχυση σε όλους τους φίλους της Ελλάδας που επιθυμούν ώστε το κίνημα "Είμαι Έλληνας και εγώ" να μείνει ενεργό και αποδοτικό στην υπηρεσία των συμπολιτών σας, ανεξάρτητο από οικονομικές και θεσμικές δυνάμεις.

Επι τη ευκαιρία αυτού του ταξιδιού στην Ελλάδα, θα σας κάνουμε έκκληση πιθανόν να μας παράσχετε μία μετριοπαθή βοήθεια σε πρακτικά μέσα σε ό,τι αφορά τις συναντήσεις (αίθουσες συναντήσεων, επικοινωνία για τις συναντήσεις, τεχνική υποστήριξη).

Όμως αυτό που μπορείτε να προσκομίσετε, κύριες και κύριοι, το πιο σημαντικό είναι κατ' αρχάς οι ιδέες σας, η εμπειρία σας ως Έλληνες πολίτες και η ελεύθερη σκέψη σας. Πράγματι, η πολύ οξεία κρίση, υλική και ηθική, που έχει επηρεάσει επί του παρόντος την Ελλάδα, μα και απειλεί πραγματικά τις άλλες ευρωπαϊκές χώρες, απαιτεί εκ μέρους μας διανοητικό θάρρος να κάνουμε πέρα τα βραχυπρόθεσμα ενδιαφέροντά μας και τις διανοητικές μας αγκυλώσεις του παρελθόντος. Αυτή η κρίση επιβάλλει να εφεύρουμε επειγόντως καινούργιες συλλήψεις του κοινωνείν και της συμβίωσης στην Ευρώπη, καινούργιες μορφές οικονομίας και δημοκρατίας. Χρειαζόμαστε, λοιπόν, από εσάς και από όλους τους Έλληνες να φανταστούμε μαζί μία νέα, κοινή ιδρυτική μας δέσμευση, που θα μπορούσε να τιτλοφορείται "Έκκληση της Νάντης και της Θεσσαλονίκης, και της Αθήνας και του Παρισιού".

Εν αναμονή μιας τέτοιας εξέλιξης και, εφόσον αυτή η απάντηση θα δοθεί σε όλες τις νέες προσκλήσεις που θα μας έρθουν εν τέλει, θεωρούμε πως μας είναι επιτρεπτό να καταθέσουμε εδώ μία πρόταση σε όλα τα άτομα εν Ελλάδι που θα διέθεταν προϋπολογισμό προερχόμενο από δημόσιο χρήμα ή από ιδιωτικά μέσα αποκτημένα εντίμως: θα ήταν δυνατόν να ξοδευτούν οι ώς άνωθι πόροι στην δικαστική έρευνα ώστε ο ελληνικός λαός να μπορέσει να απευθυνθεί σε διεθνή δικαστήρια βασιζόμενος σε Συνθήκες που υπερβαίνουν εθνικές και ευρωπαϊκές νομοθεσίες, όπως π.χ. την Χάρτα του Συμβουλίου της Ευρώπης για τα κοινωνικά δικαιώματα και στη Συνθήκη του ΟΗΕ του 1966 για τα οικονομικα, κοινωνικά και πολιτισμικά δικαιώματα.

Από πλευράς του, το κίνημά μας "Είμαι και εγώ Έλληνας" θα προσπαθήσει να κινηθεί σε αυτήν την κατεύθυνση, σε συνεργασία με εθελοντές Έλληνες φίλους, προσκαλώντας μίαν διεθνή νομική ομάδα εργασίας.

Είναι επίσης πιθανό Έλληνες καλοπροαίρετοι που θα διέθεταν τα υλικά μέσα να μπορούσαν να εκκινήσουν επί του παρόντος μίαν εκστρατεία ευαισθητοποίησης της κοινής γνώμης, ώστε να προτρέψουν τον υπουργό δικαιοσύνης σας να καταθέσει μία προσφυγή στο Διεθνές Δικαστήριο της Χάγης ώστε να δικαστούν επιτέλους οι γερμανικές αποζημιώσεις του πολέμου, που, 70 χρόνια μετά τα γεγονότα, εκτιμώνται σε 332 με 575 εκ. δολάρια. (Ας ξεκαθαρίσουμε εδώ πως δεν θέλουμε να τροφοδοτήσουμε ένα αντιγερμανικό συναίσθημα, και ότι αναγνωρίζουμε πως ο Γερμανικός λαός είναι φιλικά διακείμενος απέναντι στην Ελλάδα και θαυμάζει μάλιστα τον ηρωικό ρόλο που έπαιξαν οι Έλληνες στην ευρωπαϊκή αντίσταση κατά του ναζισμού.)

Τι πιστεύετε για τις προτάσεις αυτές;

Ελπίζοντας πως αυτές οι προοπτικές θα σας ενδιαφέρουν, σας παρακαλούμε, κυρίες και κύριοι, να πιστέψετε στα συναισθήματα αλληλεγγύης που τρέφουμε για τον ελληνικό λαό, και σας προσκαλούμε να μείνουμε σε επαφή.
Luc Douillard,
pour « Je suis grec aussi » / association « Nantes est une fête / N.e.u.f. »

μετάφραση από τα Γαλλικά: Νίκος Βλαντής
traduit de l'original français par Nikos Vlandis
Nantes, le 19 février 2012 / 19 Φεβρουαρίου 2012.

Mesdames, Messieurs, chers correspondants,

Il y a quelques jours, nous avons reçu vos invitations à faire venir en Grèce pour plusieurs jours une délégation française de l'Appel de Nantes « Par solidarité, je suis grec aussi » : quarante à cinquante personnes pour la fondation « Eureka » à Thessalonique, et une douzaine de personnes pour la région de Thessalie.

Nous tenons à vous remercier très sincèrement de ces aimables invitations, qui illustrent l'écho provoqué par notre Appel dans la société grecque dramatiquement violentée par les mesures d'austérité de la Troïka. Croyez que nous sommes touchés par votre reconnaissance.

Et par ailleurs vos invitations correspondent à notre vœu urgent de rencontrer directement le peuple grec, dont nous avons tant à apprendre, et si possible accompagné de journalistes d'Europe occidentale, afin de rendre compte des difficultés de votre pays, de sa pleine dignité et des initiatives originales de solidarité qui s'y organisent actuellement.

Pour autant, après y avoir réfléchi sérieusement, nous ne pouvons pas accepter votre offre. En effet, même en choisissant des transports économiques et des hébergements modestes, il ne nous semblerait pas acceptable moralement de faire dépenser des sommes importantes d'argent public ou para-public, alors que le peuple grec manque cruellement de tout en ce moment, même parfois pour nourrir, abriter, éduquer et soigner les personnes les plus fragiles.

J'espère que vous comprendrez les motifs de notre refus et que vous nous excuserez. Nous n'avons pas voulu heurter le sentiment de décence, qui est d'ailleurs l'un des enseignement de la Grèce au monde entier.

En effet, dans le dialogue du Protagoras, Platon rappelle le mythe selon lequel Zeus par l'intermédiaire d'Hermès donne aux hommes l'art qui leur manque encore après la technique et le travail : ce qui leur permettrait de vivre ensemble sans s'entretuer, c'est l' « art politique » dont l'une des bases est l' « Aidôs », mot qui exprime en langue grecque les notions de pudeur, de honte, de respect, de vergogne, et donc également de sens de l'honneur, de la dignité, de la décence, de la mesure, de la justice enfin.

(Ce serait d'ailleurs à rapprocher du grand thème de la « common decency » de l'écrivain anglais prolétarien antitotalitaire Georges Orwell : « décence ordinaire », « morale commune », ou encore « honnêteté élémentaire » qui distingue le peuple des classes profiteuses.)

Cependant, nous allons prochainement prévoir un voyage d'étude et de rencontres en Grèce, par nos propres moyens. Pour cela, nous allons monter une souscription ouverte à tous les amis de la Grèce qui souhaitent que le mouvement « Je suis grec aussi » reste créatif et efficient au service de vos concitoyens, indépendamment des puissances économiques et institutionnelles.

À l'occasion de ce voyage en Grèce, nous ferons peut être appel à vous pour fournir une aide modeste et désintéressée en mise à dispositions de moyens pratiques de rencontre et de dialogue (salles de réunion, communication des rencontres, service technique).

Mais ce que vous pouvez apporter de plus important, mesdames, messieurs, ce sont d'abord vos idées, votre expérience de citoyens grecs et votre libre réflexion. En effet, la très grave crise matérielle et morale qui touche actuellement la Grèce, et qui menace réellement les autres pays européens, exige de notre part à tous du courage intellectuel et de nous déprendre de nos intérêts à court terme et de nos rigidités mentales dépassées. Cette crise nous invite à inventer en urgence de nouvelles conceptions du « vivre ensemble » en Europe, de nouvelles formes de l'économie et de la démocratie. En clair, nous avons besoin de vous et de tous les Grecs pour imaginer ensemble un nouvel engagement fondateur commun qui pourrait s'intituler « Appel de Nantes-Thessalonique et de Athènes-Paris ».

Dans cette attente, et puisque cette réponse sera donnée à toutes les nouvelles invitations qui nous parviendraient éventuellement, nous nous permettons de donner ici une suggestion à toutes les personnes qui en Grèce disposeraient de budgets disponibles d'argent public ou privé honnêtement gagné : il est possible de le dépenser utilement en finançant des études juridiques pour que le peuple grec puisse recourir devant les tribunaux supranationaux en s'appuyant sur les traités s'imposant aux législations nationales et européennes, telles que la Charte du Conseil de l'Europe sur droits sociaux et le Pacte de l'ONU sur les droits économiques, sociaux et culturels de 1966.

Pour sa part, notre mouvement « Je suis grec aussi » va essayer de travailler dans ce sens, en concertation avec tous les amis grecs volontaires, en invitant à créer une équipe de travail juridique internationale.

Il est également possible à toutes les personnes grecques de bonne volonté qui disposeraient de moyens matériels de lancer maintenant une vaste campagne d'opinion afin d'inciter votre ministre de la justice à déposer un recours devant le Tribunal international de la Haye afin qu'il statue enfin sur la dette issue de l'emprunt forcé d'occupation de l'Allemagne envers la Grèce et sur les réparations de guerre, qui 70 ans après les faits, sont estimées parfois à environ 332 à 575 milliards de dollars. (Précisons ici que nous ne voulons nullement alimenter un sentiment anti-germanique, et que nous savons que le peuple allemand compte beaucoup d'amis sincères de la Grèce et d'admirateurs du rôle héroïque des Grecs dans la résistance européenne au nazisme.)

Que pensez-vous de ces suggestions ?

En espérant que ces perspectives vous intéresseront, nous vous prions, mesdames, messieurs, de croire en nos sentiments solidaires pour le peuple grec, et nous vous invitons à rester en contact.


Luc Douillard,
pour « Je suis grec aussi » / association « Nantes est une fête / N.e.u.f. »